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Installer des fourrages dérobés pour pal Installer des fourrages dérobés pour pallier le déficit

Après un ensilage ou une récolte précoce, certaines espèces sont capables de produire beaucoup avec peu d'eau.

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« Entre le 1er février et le 30 avril 2011, nous avions 200 °C jour d'avance par rapport à la moyenne et une pluviométrie très déficitaire, déclare Pascale Pelletier, ingénieur chez Arvalis à la Ferme des Bordes (Indre). Du coup, le rendement des prairies est inférieur de 30 à 50 % à la moyenne et rien ne repousse. »

Afin de pallier le manque de fourrage, de nombreux éleveurs vont être amenés à ensiler des céréales ou des mélanges de céréales et de légumineuses immatures. Sitôt les parcelles débarrassées, il devient théoriquement possible d'implanter des espèces fourragères de complément afin de compenser une partie du déficit.

« Le premier problème auquel certains vont se trouver confrontés est un état de sécheresse tel que tout travail profond du sol est quasi impossible, alerte Pierre-Vincent Protin, ingénieur en fourrages à la station expérimentale de La Jaillière (Loire-Atlantique).

Nous ne pouvons néanmoins nous résoudre à ne rien faire, mais il faut être conscient des difficultés que cela suppose en termes de qualité de lit de semences et ensuite de levée. S'il existe un semoir adapté au semis direct sur l'exploitation, ce peut être une solution intéressante. »

Selon les essais conduits par Arvalis, plusieurs espèces cultivées seules ou en mélange sont adaptées aux semis du début de juin et peuvent produire plusieurs tonnes de matière sèche (MS) par hectare à condition de bénéficier d'un peu de pluie.

Sorgho seul

Le sorgho fourrager type sudan sudan, aussi bien valorisé en fauche qu'en pâture, est l'espèce qui peut être implantée en premier. Il cumule différentes qualités : capacité à produire 10-12 t/ha, voire plus de MS en plusieurs coupes, bonne résistance à la sécheresse et meilleure efficience de l'eau que le maïs.

Son principal défaut tient à sa toxicité pour les animaux tant qu'il n'a pas atteint une hauteur de 60 cm. Les graines relativement petites sont à déposer à 2 cm de profondeur pour une dose de 25 kg/ha.

« Comme nous arrivons derrière une céréale ensilée qui n'a pas atteint le potentiel visé ou un mélange avec légumineuse, nous déconseillons tout apport azoté, même si les besoins sont d'une centaine d'unités par hectare, explique Pierre-Vincent Protin. De même, aucun désherbage ne sera effectué. Autant économiser la trésorerie lorsque c'est possible. »

Dès la mi-mai, il est également possible de semer certains sorghos grains à très faible teneur en tanin spécialement destinés à l'ensilage. La densité de semis varie de 210.000 à 240.000 grains par hectare et la récolte intervient quelque trois mois plus tard, à 30 % de MS.

Associations à base de moha ou de millet

Autre céréale bien adaptée aux semis du début de l'été, le moha est régulièrement cité par les spécialistes en fourrages en raison de sa rusticité et de son adaptabilité à tous les types de sol.

Son principal défaut réside dans une valeur alimentaire moyenne. « C'est pourquoi nous préconisons de l'associer avec une légumineuse de type trèfle d'Alexandrie, déclare Hervé Feugère, de la chambre d'agriculture à Guéret (Creuse). Dans le cadre du programme herbe et fourrage de la Région Limousin, en 2010, nous avons testé plusieurs mélanges avec une date de semis plus classique du 20 juillet. Le moha + trèfle d'Alexandrie a fourni le meilleur rendement, avec 3,9 t/ha de MS, une MAT de 12 % et 0,74 UFL/kg de MS. »

Des sociétés semencières comme Jouffray-Drillaud vendent des mélanges prêts à l'emploi dont le prix de revient avoisine 60 €/ha. Il est également possible de le reconstituer à raison de 13 kg/ha de moha et 12 kg/ha de trèfle d'Alexandrie.

Mélanges à base de RGI risqués

D'autres mélanges à base de moha sont possibles, tels que moha + trèfle incarnat (13 + 12 kg/ha), moha + vesce (13 + 20 kg/ha), sans présenter les mêmes avantages.

À réserver pour les zones sud et ouest en raison de sa sensibilité au gel, le mélange de millet perlé fourrager et trèfle d'Alexandrie peut s'avérer intéressant avec une production potentielle de 12 t/ha de MS en plusieurs exploitations (fauche et pâture).

La dose de semis varie de 15 à 20 kg/ha et le terrain gagne à être rappuyé sitôt la mise en terre. L'association d'avoine brésilienne + vesce, également testée dans la Creuse, n'a pas obtenu le même rendement (2,4 t/ha). Elle se distingue néanmoins par une bonne valeur alimentaire, 17 % de MAT et 0,77 UFL/kg de MS.

Sans présager de la météorologie à venir, il peut être risqué de mettre en place des mélanges à base de ray-grass d'Italie (RGI) + trèfle incarnat ou d'Alexandrie (13 kg + 10 kg/ha). En effet, le RGI est sensible aux fortes températures (> 25 °C) et aux stress hydriques marqués. Toutefois, dans le test creusois de 2010, il a produit plus de 2 t/ha de MS en première coupe.

 

Disponibilité en semences limitée

« Compte tenu de la forte demande prévisible, les quantités de semences fourragères disponibles risquent d'être insuffisantes, avertit un distributeur. Il semble qu'en moha et sorgho fourrager il n'y ait pas trop de problèmes, ce sera sans doute différent avec le trèfle d'Alexandrie. » Des importations de cette espèce en provenance de l'Italie, sans garantie d'origine ni de qualité, semblent déjà effectives.

Par ailleurs, « la prudence impose de calculer ses besoins au plus juste et de se tourner vers un distributeur qui travaille avec les grandes sociétés semencières reconnues comme Jouffray-Drillaud, RAGT, Caussade Semences, Barenbrug, etc. », recommande Pierre-Vincent Protin, ingénieur en fourrages à la station expérimentale de La Jaillière (Loire-Atlantique).

 

 

Le pari du maïs

Et pourquoi ne pas parier sur le maïs en culture dérobée ? Si les pluies reviennent durant l'été et à condition de semer des variétés précoces au plus tard à la fin de juin pour une récolte en octobre, le maïs fourrage possède de vrais  : disponibilité des semences à des prix raisonnables, désherbage facile, etc.

Selon Jean-Paul Renoux, responsable de la filière du maïs chez Arvalis, 50.000 ha pourraient être concernés.

« Les éleveurs de la Manche, de la Bretagne et plus généralement des régions où les pluies d'été ne sont pas rares ont peut-être une carte à jouer. » 

 

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